Archives et documentation - Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne

Historique et description selon Patrimoine BZH


Historique


Ce manoir était appelé aux xive et xve siècles Hôtel Saint Armel, il était la résidence des évêques de Rennes depuis le xie siècle jusqu'à la Révolution. Le manoir est situé un peu au sud de Bruz, au bord de la Seiche et à proximité des restes d'un pont du xve siècle. Les premiers bâtiments étaient très anciens puisque le Manoir fut donné aux évêques de Rennes en 1076 par le Comte de Rennes Geffroy. Y étaient attachés les droits du seigneur (fuie, qui devait se trouver à l'ouest, près de la pièce d'eau, droit de haute et basse justice, les fourches patibulaires étant placées à l'extrémité du grand jardin, à l'angle du chemin et de la route).


Il ne reste plus rien du premier manoir. Il fut reconstruit au xve siècle par l'évêque Anselme de Chantemerle, qui remplaça également un pont de bois sur la Seiche par un pont de pierre à quatre arches dont deux subsistent.


A partir de 1507, l'Hôtel Saint Armel sera fréquemment occupé par Yves Mahyeuc, confesseur d'Anne de Bretagne, de Charles viii et Louis xii. A la fin du xvie siècle, le manoir d'Anselme de Chantemerle, assez logeable mais bâti à l'antique selon le témoignage du voyageur Dubuisson-Aubenay, va laisser la place à une construction plus moderne, plus confortable, assez semblable à celle que nous connaissons aujourd'hui.


Remanié au xviie siècle, le Manoir comprenait alors trois corps de bâtiments, l'un au sud qui a disparu, l'autre à l'ouest et le troisième au nord qui se continuait avec une salle au-dessus de l'écurie et une au-dessus de l'entrée. Un bâtiment de service le prolongeait jusqu'à la chapelle construite en 1329 et démolie en 1791. Le tableau de l'autel représentait la Vierge avec des anges, de chaque côté il existait deux figures, l'une représentant saint Armel et l'autre la Magdeleine. Un petit cimetière touchait la chapelle à l'est. La cour intérieure avec son puits était fermée à l'est par une murette dotée d'une rampe de bois. Un pont-levis se trouvait entre le pont de l'entrée et le portail reconstruit au xixe siècle. L'ensemble, d'esprit xviie siècle, caractérisé par l'existence de pavillons, de travées régulières, de toitures hautes et imposantes, de baies verticales étirées, et de lucarnes à volutes, est semblable à bon nombre de manoirs de la région, notamment à celui de la Louvière à Bruz.


En 1790, le manoir est vendu aux enchères. L'acheteur s'appelle Charles Bonaventure Toullier, professeur de faculté de droit à Rennes. Avant le détournement de la Seiche (pour les mines de Pont-Péan), il y avait un moulin. Le bombardement de Bruz en 1944 épargna le manoir qui accueilli plusieurs familles sinistrées. Inscrit depuis 1975 à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, le Manoir Saint Armel est un haut lieu de l'histoire de Bruz.


Description


Le manoir est composé de deux bâtiments rectangulaires très allongés et se rassemblant à angle droit. Des douves qui existent encore au nord et à l'ouest formaient un grand carré autour de l'ensemble. Au sud se trouvaient une écurie, un porche et diverses servitudes. Le bâtiment ouest présente une porte en plein cintre ornée de deux pilastres ioniques et d'un fronton triangulaire que remplit un écusson en accolade. Son toit est percé d'une petite gerbière à fronton arrondi, flanquée de deux consoles renversées. Ce bâtiment est accosté de deux pavillons non saillants à toits élevés munis d'épis de plomb ; celui du sud, appelé le Pavillon, présente trois gerbières analogues à la précédente. Le côté nord de la cour comprend un autre bâtiment et le portail d'entrée. Ce bâtiment possède une porte analogue à celle qui vient d'être décrite, il renfermait la prison. Le portail d'entrée est en plein cintre : on y voit deux pilastres ioniques et une corniche moulurée ; il remplace l'ancien portail que surmontait une chambre ; il est précédé d'un pont en pierre à deux arches qui était terminé autrefois par un pont-levis.