Des pierres et des hommes - Yves Mahyeuc

Yves Mahyeuc, vitrail de l'églisede Guerche-de-BretagneYves Mahyeuc est confesseur d'Anne de Bretagne, de Charles VIII puis de Louis XII, il avait accompagné la duchesse Anne lors de son voyage en Bretagne en 1505, avant d'être nommé évêque de Rennes par le pape Jules II le 29 janvier 1507.

En 1532 il accueille le dauphin François de France à l'occasion de son entrée dans la ville de Rennes et le couronne duc de Bretagne en sa cathédrale sous le nom de François III.

Son procès en béatification était bien avancé, mais a été interrompu par la Révolution. En 2007, lors des célébrations du 500e anniversaire de sa nomination à l’évêché, on a annoncé qu'on venait d'en retrouver le dossier. Il apparaît que Yves Mahyeuc faisait preuve de générosité, d'abnégation, et d'une forte énergie réformatrice à destination du clergé (voir encart ci-dessous). Il avait organisé dans son manoir des ateliers destinés à former de jeunes gens à des métiers d'artisans. Un centre d'apprentissage gratuit au XVIe siècle !

Sa mission de confesseur auprès d'Anne de Bretagne et de deux rois de France lui a conféré également un rôle politique avéré.


Et pourtant il aurait eu en fait la réputation d'avoir peu de goût pour la chose politique et pour les honneurs. Selon la tradition, il venait souvent se retirer au calme du manoir épiscopal de Saint-Armel et restait enfermé dans une cellule d'esprit monastique où il aimait à méditer. Cette cellule de 4,60m sur 1,40m est aujourd'hui bien identifiée, au centre de l'aile Ouest du Manoir, au 1er étage. C'est là où il meurt le 20 septembre 1541


Cette contradiction apparente entre cette hyperactivité séculière, politique et cette aspiration à une vie contemplative a pu faire dire à des chercheurs (lors d'une conférence de 2007) qu'il pouvait y avoir eu deux Yves Mahyeuc, contemporains, peut-être l'oncle et le neveu, l'un ayant été confesseur de la Duchesse Anne et de ses deux maris rois de France. L'autre ayant été évêque de Rennes.


 Site du Diocèse de Rennes (version archivée de 2007)

Yves MAHYEUC, un évêque réformateur

Tout au long de son histoire, l’Église a connu des époques où la prise de conscience d’un nécessaire retour à la vigueur évangélique se faisait plus vive. C’est le cas de la grande Réforme qui suit le Concile de Trente (1545 – 1563). Mais à chaque siècle, des hommes et des femmes ont voulu être des témoins déterminés du Christ et ont cherché à partager leurs convictions.

C’est le cas d’Yves Mahyeuc qui au début du XVIe siècle annonce déjà le grand mouvement des XVIIe et XVIIIe siècles. Né à Plouvorn en 1462 (diocèse de Léon), il entre dans l’ordre dominicain et est envoyé au couvent de Bonne Nouvelle de Rennes (appelé aujourd’hui couvent des Jacobins, au nord-ouest de la place Sainte-Anne). Confesseur apprécié d’Anne de Bretagne, il accepte, malgré ses résistances, la charge d’évêque de Rennes en 1507.


Devenu évêque, il reste fidèle à sa vocation religieuse, aime se retirer dans la solitude dans son manoir de Bruz ou dans une cellule du couvent de Bonne-Nouvelle.


Convaincu que la vitalité du peuple chrétien dépend de la qualité des pasteurs, il s’attache à réformer les ordres monastiques, demande aux prêtres de résider dans leurs paroisses et de s’attacher à la formation de la foi de leurs fidèles par la prédication et le témoignage d’une vie évangélique.


Lui-même donne l’exemple. Alors que la Bretagne connaissait un réel développement économique, des pauvres restaient à l’écart de l’accroissement des richesses. Yves Mahyeuc s’emploie à trouver du travail pour les jeunes et aide concrètement les malheureux. Lors d’une épidémie de peste, il resta à Rennes pour soigner lui-même les malades.


A sa mort, le 20 septembre 1541, à Bruz, il est considéré comme un saint par les chrétiens de son diocèse. Ses funérailles sont une illustration de la ferveur qu’il suscitait. En 1638, les États de Bretagne demandèrent au Pape « d’invoquer publiquement ce saint personnage ». Son procès de béatification s’arrête à la Révolution. Les actes de ce procès viennent d’être retrouvés. Ils illustrent ce que fut la force de foi d’Yves Mahyeuc que le pape Jean-Paul II, à Auray, qualifia de « bienheureux ».